Jean de Florette a vécu aux Romarins depuis mars de l'année précédente. Il est maintenant juillet de sa deuxième année, et ses idées idealistes de la vie paysanne en Provence ont commencé à se détruire une à une.
Il écrit une lettre à un vieux copain de ville, pour lui donner de ses nouvelles et parler de ses problèmes.
Mon cher Jacques,
Comment allez-vous? Cela fait maintenant dix-sept mois depuis que je vous ai vu et j'ai beaucoup de nouvelles à vous conter.
J'espère toujours réussir mes lapins et mes cucurbita melanosperma, mais cet été n'est pas bon. L'hiver dernier, tout allait bien: les lapins grandissaient et prospéraient, les courges aussi.
Cette année, il a à peine plû. Nous avons donc souvent dû aller chercher de l'eau à la source la plus proche, ce qui est un travail très fatiguant, malgré tout ce que je dit à ma famille! Sur le chemin nous voyons beaucoup de fleurs de la campagne... mais évidemment, pas d'œillets. Je ne crois toujours pas à ton idée de cultiver ces fleurs ici. Ça ne marcherait jamais, la preuve étant que je n'en ai jamais vu! De plus, les livres que je t'ai montré le disent bien. Ce qui est étrange est que mon voisin a mentionné ces fleurs plusieurs fois depuis notre arrivée, à croire que tu n'est pas le seul avec ces idées folles!
Mes problèmes, par contre, ne sont pas des idées. Ah, si seulement ils n'etaient qu'un grand cauchemar! Malheureusement, les statistiques ne nous sont plus fidèles: la pluie est déjà en retard de plus de deux semaines. On m'a dit de sacrifier la moitié de mon plot, mais cela est la routine des paysans. J'espère pouvoir sauver une grande partie en louant la mule de mon voisin. Il est très aimable.
Quand je suis arrivé, je me rappelle, j'ai admiré les ronces géantes, les oliviers inextricables, même les romarins arborescents. Maintenant je les admire encore plus puisque je sais les difficultés toujours présentes en montagne pour faire pousser des champs sans des quantités sufisantes d'eau. Ces plantes survivent tout: la sécheresse n'est pour elles qu'une distraction.
Je t'inviterai une fois que tout est fini!
Avec Mes Amitiés,
Jean Cadoret
300 mots.
Pagnol a pris la mentalité des êtres humain comme thème dans ces livres Jean de Florette et Manon des Sources. Oui, la location est importante, mais c'est surtout l'interaction des personnages qui nous donne le drame. Notons en passant, et avant de commencer l'analyse, que Jean, malgré son éducation, a une mentalité très typique d'un paysan. La seule difference est son éducation, c'est a cause de ceci qu'il n'accepte pas la routine. Les paysans des Bastides Blanches ont les mêmes problèmes d'eau (ou plutôt - de manque d'eau) que Jean, mais les paysans ont l'habitude et ne s'inquiètent guère.
Si les personnages de cette histoire n'étaient pas autant prisonniers de leurs problèmes, et surtout s'ils n'étaient pas autant inquiets que leur confrères perçoivent leurs faiblesses, l'histoire se serait passée beaucoup plus vite (car une grande partie de l'histoire montre leurs pérséverances contre toutes raisons logiques: par example Ugolin et le Papet passent environs trois ou quatres années à essayer de forcer Jean de Florette à abandonner!).
Pour illustrer cette accusation, regardons au début de "Jean de Florette". Pique-Bouffique refuse de vendre ses champs aux Soubeyrans, malgré sa position avantageuse (il peut demander n'importe quel prix). Dans ce cas, il en veut probablement toujours au Papet de ne pas avoir marrié sa sœur, Florette. Si il avait pardonné le Papet, il aurait gagné beaucoup d'argent, perdus rien (car de toute manière il n'utilisait pas les champs) et il n'aurait pas perdus sa memoire (le Papet n'aurait pas eu "besoin" de le tournoyer! [A]). Dans ce cas, l'importance de cette mentalité auprès du livre Jean de Florette est grande: sans elle il n'y aurait pas eu d'histoire, puisque Jean et sa famille ne seraient jamais venu.
Jean passe une grande partie de sa vie à expliquer à
sa famille et à Ugolin comment il est convaincu qu'il
réussira. Pendant son deuxième été, par
example, il dit à Aimée J'irai le lui demander ce
soir... D'ailleurs, il n'est pas impossible qu'il me le prête
gratuitement... avec cette bête, nous serions
sauvés...
[B] Il donne l'impression à
Aimée qu'il peut facilement "gagner la partie" -
peut-être le croit-it lui-même - mais en
réalité ce n'est pas aussi facile (et il le sait).
Rien ne démontre ce que je disais envers leur fierté (la peur de montrer ses faiblesses) aussi bien que le cas suivant:
Que faire? Il résolut de ne conserver qu'une dizaine de plantes, et un rang de maïs, pour les semences de l'année prochaine. Peut-être, avec les rongeurs qui lui restaient, pourrait-il payer ses dettes, ou tout au moins une partie? En tout cas, il se sentait vaincu et ridicule... Il valait peut-être mieux retourner en ville, et s'installer derrière un guichet? Non, jamais! Jamais il n'avouerait sa défaite devant Ugolin, devant sa femme, devant sa fille... [C]
On dit que c'est l'exception qui fait la règle, et
justement, il y a une exception: Ugolin. Ugolin ne semble pas
être inquiet de ce que pense les autres. Il aurait facilement
abandoné son plan pour les œillets si Pique-Bouffique
n'était pas décédé [D].
Beaucoup plus tard, quand Manon arrête l'eau, nous voyons un
autre example: il est le premier à paniquer quand tout le monde
voit la fontaine s'arrêter: «Celle-là aussi!
Papet, nous sommes perdus!»
[E] Même
après six mois de soleil sans une goutte de pluie, Jean ne
panique jamais autant en publique.
Heuresement pour l'histoire, l'attitude de fierté est
largement forcée sur Ugolin, en effet, le Papet contrôle
la vie de son neveu, et le Papet est lui très fière.
On peut invoquer ici plusieurs démonstrations de ce fait.
«Galinette, ça ne peut pas continuer comme ça.
[...] il faut qu'une femme vienne ici de temps en temps. Je te
trouverai quelqu'un»
[F], dit le Papet au
début du livre. Et quelque pages plus tard, «Tais-toi,
ou alors parle d'autre chose»
[G].
Les Bastidiens sont très fière d'eux même, et
de leur étiquette. Par example, les convenances exigent
qu'on ne s'occupe pas des affaires des autres
, [H].
J'ai trouvé, par contre, que pour un peuple aussi fière
de leurs règles, il sont très près à les
ignorer. Prenons cet extrai d'une conversation entre Anglade et son
fils, Jonas, un soir à table (Anglade commence):
«Tante Fine parle de l'Ân Pèbre! Moi aussi je l'ai connue, cette source, mais elle a dû se perdre.
— A ce qu'il paraît, reprit Jonas, que César Soubeyran...»
Anglade fronça les sourcils, et parla sévèrement.
«A ce qu'il paraît qu'il ne paraît rien de tout. César fait ce qu'il veut, et nous, nous faisons comme nous voulons! [...] » [I]
Il est évident que le père Anglade sait très bien ce que son fils veut dire. Et pourtant, comment peut-il savoir ce qui c'est passé, s'il n'a pas parlé avec quelqu'un d'autre? Evidemment, il a dû parler avec les autres Bastidiens. Cela est tout naturel chez les humains, et je ne suis pas surpris. Ce qui est malheureux, je crois, est l'hypocrisie évidente. S'ils veulent se raconter tous les potins, c'est très bien, mais pourquoi continuer à faire croire qu'ils suivent cette charade qu'est leur "première règle"? [H]
Pour finir, regardons brièvement l'aspect de l'humour dans ces deux livres, car ils sont pleins d'ironie amusante. Par example, Jean, qui passe tout son temps à lire des livres scientifiques, est tout d'un coup devenu sourcier (une décision prise sous la contrainte). Cette décision toute à fait atypicale de Jean, lui a (sur le long terme) coûté la vie. Il doit être noté, cependant, que ce n'est pas l'humour ou l'ironie qui l'a tué - dans ce cas c'est encore l'immense fierté, le refus net de toute possibilité d'avoir perdu la partie, qui a été la cause fatale.
Une autre ironie (environs au même moment) se trouve quand
Jean de Florette dit «C'est peut-être une flèche
d'orientation... Sans doute pour l'armée, ou peut-être
pour les Eaux et Forêts...»
[J] quand Manon
lui montre la flêche noir qu'elle a trouvée sur une
pierre pendant que Jean fait le sourcier. Justement, c'est une
flèche d'orientation... mais pour lui!
Ou alors, l'échange suivant entre Ugolin et le Papet:
«Il y est toujours aux Ombrées?
— Oui, il y est toujours, mais par bonheur, au cimetière.» [K]
Ces petits points d'ironie ont aucun effet sur l'intrigue elle même - mais à mon avis ils sont très importants pour la lecture. Sans eux, le lecteur serait vite forcé à poser le livre, car l'histoire est très profonde.
La Provence est une grande région de France, dont les
habitants du village des Bastides Blanches ne sont qu'une
petite partie. En outre, il faut noter que le roman Jean de
Florette ce passe seulement pendant une courte periode de
l'histoire Française: le début du
20ème siècle. Il est donc difficile de dire
que cela est la mentalité paysanne en Provence
.
Malgré ceci, l'analyse nous montre
très clairement comment les attitudes des paysans ont
influencé les évenement de l'histoire.
Dans la grande partie, leur mentalité est la cause la plus importante. Oui, le climat est un facteur important, mais malgré cela, je crois que leur fierté est la cause principale de tout leurs chagrins.
Il serait intéressant d'imaginer la même histoire mais dans un village plus ouvert et respectueux des autres, où Ugolin suggèrait à Jean qu'il fassent des œilets ensembles. Ironiquement, cette attitude ne nous donnerait pas une histoire aussi dramatique... mais à mon avis c'est l'attitude que toutes personnes qui se respectent devraient suivre.
996 words excluding quotations.
References apply to book ISBN 2-7242-2953-3. Page, block, line and word references will unfortunately not apply to other books, however, Jean de Florette does not have chapter headings and so there is no other suitable manner of giving references.
The abbreviations are as follows. p: page; b: block; l: line; w: word.